Le magazine Causette a publié dans son numéro de juin 2021 un article dont le titre est « scandale de l’adoption en Ethiopie ». Cet article a été précédé de trois articles sur le site internet du journal, publiés les 12, 19 et 26 mai 2021. Vous trouverez ci-dessous le texte du droit de réponse que nous avons exercé le 4 juin dernier.
Le journal Causette (juin 2021) met en cause notre organisme d’adoption « Les Enfants de Reine de Miséricorde (ERM) » en titrant « scandale de l’adoption en Éthiopie » et en publiant des témoignages de cas particuliers, rares et isolés, concernant des adoptions en Éthiopie réalisées par notre intermédiaire. Cet article cherche à accréditer l’idée qu’ERM serait coupable de « procédures irrégulières », voire « illégales ».
Certains éléments du reportage révèlent une méconnaissance profonde des procédures d’adoption. Organisme autorisé pour l’adoption par le Ministère des Affaires Étrangères français, ERM inscrit sa mission dans le strict respect des exigences légales en vigueur aux niveaux national et international ainsi que dans la plus grande éthique. En Éthiopie comme dans tous pays, la décision de rendre un enfant adoptable est de la responsabilité souveraine des autorités. Seules ces autorités peuvent établir, après enquête, l’histoire de l’enfant et décider de le proposer à l’adoption. Ce sont ces documents qui sont remis aux organismes d’adoption et ces derniers ne sont pas autorisés à exercer le moindre contrôle. Toutes les adoptions par ERM ont fait l’objet d’un jugement par le tribunal d’Addis Abeba et sont parfaitement légales. En outre l’ensemble est surveillé par le Ministère des Affaires Étrangères et les adoptions sont soumises à la Justice française. La loi éthiopienne ne permet pas l’abandon d’un enfant (sauf cas de parents malades du Sida). Des parents ont pu parfois se faire passer pour décédés ou disparus, à l’insu des autorités et donc à notre insu, afin de permettre une adoption, dans ce pays où aucune aide sociale n’est disponible pour une famille en situation de détresse. L’absence d’état civil en Éthiopie a pu faciliter de telles pratiques. La décision de confier un enfant à l’adoption n’en est pas moins réelle et s’est vérifiée dans la quasi-totalité des cas où la famille biologique a pu être retrouvée. ERM est tenue par le secret imposé par la Loi et ne peut donc apporter les réponses concrètes aux cas décrits par Causette.
ERM a toujours fait preuve de vigilance et amélioré sans cesse ses pratiques au fil des ans : insistance à recueillir l’histoire des enfants auprès des services sociaux ; arrêt des adoptions d’enfants provenant des orphelinats d’Addis Abeba après découverte d’anomalies ; échanges avec les autorités éthiopiennes qui ont fait évoluer leurs procédures ; mise en place de parrainages pour trouver des solutions locales chaque fois que possible (aujourd’hui encore 1070 enfants éthiopiens sont parrainés) ; organisation de voyages encadrés « retour en Éthiopie » avec des adoptés (une centaine). ERM a été interpellée par des familles adoptives disant que leurs enfants leur parlaient de parents biologiques toujours vivants. Gilbert Bayon, alors président d’ERM, a pris l’initiative à partir de 2004, par ses nombreux voyages, de faire des recherches sur les origines éthiopiennes des jeunes adoptés pour tenter de rétablir la vérité et transmettre aux familles les informations qu’il avait obtenues sur place. C’est ainsi qu’ERM a retrouvé la maman biologique de Julie Foulon dès 2007 et en a informé ses parents adoptifs. Le journal Causette a recueilli le témoignage de cette jeune femme qui ne concorde pas avec les éléments et les documents dont nous disposons. Comment imaginer que des membres de notre association se seraient mobilisés avec autant d’énergie pour aider aux retrouvailles avec des familles biologiques si ERM avait quelque chose à dissimuler dans le scandale dont on l’accuse ?
L’article de Causette porte aussi un grave préjudice aux 1 575 enfants d’origine éthiopienne adoptés par ERM. Certains recevront avec douleur les propos destructeurs de l’article, laissant croire qu’ils ont été victimes d’un trafic organisé. Nous leur exprimons notre solidarité et notre compassion. N’oublions pas que toute adoption repose au départ sur un vécu tragique, maladie, accident, décès, abandon, source de souffrances pour les jeunes adoptés, comme pour leurs familles adoptives et biologiques. Nous sommes conscients que les questions dépassent parfois les informations que nous parvenons à réunir. Pour autant, notre association s’est toujours imposé une grande exigence éthique et mérite d’être reconnue pour l’aide qu’elle apporte encore avec bienveillance aux familles et aux jeunes qui s’adressent à elle.
C’est avec une grande tristesse que nous avons pris connaissance des articles malveillants du site « Causette » et du procès intenté contre ERM et les Bayon.
Tout cela est profondément injuste pour Gilbert et Christine qui se sont dévoués corps et âme durant une grande partie de leur vie pour les enfants d’Éthiopie et à qui nous devons l’adoption de nos quatre enfants.
Nous avons toujours eu une grande confiance en eux et savons qu’ils ont voulu faire de leur mieux pour venir en aide à l’Éthiopie.
Toujours très disponible, ils nous ont aidé, soutenu et conseillé avant, pendant et après l’adoption.
En découvrant l’association en 2004, ce qui nous a conquis d’emblée, c’est sa volonté de faire connaitre et aimer l’Éthiopie.
En adoptant des enfants éthiopiens par ERM, nous nous sommes engagés à approfondir notre connaissance du pays.
A 16 ans, nos deux aînés ont pu bénéficier du « voyage retour ».
Le camp chantier leur a permis de retrouver l’Éthiopie et de tisser des liens durables avec d’autres adoptés éthiopiens.
Ils ont pu ensuite renouer avec leurs racines en retournant dans leur village natal.
Y-a-il beaucoup d’association d’adoption qui organisent une telle démarche ?
Est-ce que l’association aurait pris le risque que des enfants adoptés retrouvent, lors de ces voyages retour, les parents qui leur ont donnés la vie si elle avait sciemment triché et menti sur leur histoire pour qu’ils soient adoptables ?
Nous avons écouté le témoignage de Julie Foulon. (sur YouTube, 27 octobre 2020)
Il est poignant d’autant qu’il ressemble en partie à l’histoire de nos propres enfants.
Nous le savons maintenant, tous les enfants adoptés n’étaient pas véritablement orphelins.
Mais, au moment de l’adoption, nous ne le savions pas, ERM ne le savait pas.
Il est injuste et cruel de faire porter cette faute sur l’association et sur les Bayon, dont le seul tort aura été de faire confiance aux services sociaux éthiopiens qui garantissaient que ces enfants étaient adoptables car orphelins.
ERM n’avait ni vocation, ni les moyens, ni même le droit de faire sa propre enquête pour vérifier la véracité des dires de l’administration éthiopienne.
Si ERM avait eu connaissance de parents en vie, ces enfants n’auraient pas été adoptés mais parrainés. C’est le cri du cœur de Gilbert en apprenant qu’une fratrie d’adoptés avait des parents vivants en Ethiopie. Le parrainage tenait particulièrement à cœur les Bayon, en particulier Gilbert qui s’y dépensait sans compter.
L’Éthiopie est un pays pauvre, sans grand moyen, sans état-civil. Ce qui est inimaginable pour nous Occidentaux c’est que des parents accablés par la misère en viennent à abandonner leurs enfants à l’adoption. Un peu comme la mère de Moïse qui abandonne son enfant dans une corbeille sur le Nil pour le sauver des Égyptiens.
Ces histoires laissent des cicatrices profondes en tout premier lieu aux enfants adoptés mais aussi à leurs parents d’origine, et à leurs parents adoptifs. Il nous faut vivre avec, dans la vérité, en s’épaulant les uns les autres et non en s’accusant mutuellement.
« Un Papa, une Maman, y’a pas mieux pour un enfant ! »
Deux Papas, deux Mamans ce n’est ni naturel, ni facile,
Ni les enfants adoptifs, ni leurs parents adoptants, ni ERM ne l’ont voulu et choisi.
Mais encore une fois, il faut vivre avec, dans la vérité et dans la paix si possible.
Bonsoir
Nous venons de lire votre droit de réponse au magazine Causette .
Nous avons lu l’article ce ce we.
Pour être engagés dans les deux associations, ERM et ARM, depuis près de 15 ans, nous avons ressenti une grande tristesse à la lecture de cet article qui mélange insinuations scandaleuses (« des enfants vendus ») et distille des petites méchancetés.
Nous voulons vous dire de tenir bon et de transmettre nos amitiés et notre affection à Christine et Gilbert Bayon qui pourraient se sentir salis.
Ces associations nous renvoient un message tellement différent de celui que Causette voudrait donner ! Joie, découvertes d’une « famille » ERM, émotions profondes, solidarités avec un pays et ses habitants, découvertes, respect de la personne humaine, etc.
Bravo pour votre « self-control » lors du droit de réponse ; il donne une image d’une association honnête, scrupuleuse et désireuse avant tout du bien des enfants.
Nous nous permettrons toutefois de leur envoyer un message plus rugueux pour manifester notre colère devant un tel dénigrement !
Très sincèrement et fraternellement
Laurent et Véronique Bouladoux
Bonjour à tous, j’espère que vous allez bien? Personnellement j’ai été profondément touchée et heurtée par l’apparition de ces différents articles du journal « Causette »… Je suis ravie et soulagée de trouver un groupe de soutien car depuis l’apparition de ces articles, à charge contre l’adoption et contre l’association ERM, je me sentais bien seule à accuser le coup et à défendre mon point de vue… Étant adoptée moi même par cette association, je ne me reconnaissais absolument pas dans ces accusations, et pourtant tragiquement mon histoire personnelle ainsi que celle des autres adoptées (+ de 1500) a été indirectement associée à ces témoignages… Une des journalistes m’avait également contacté pour témoigner mais j’avais catégoriquement refusé, n’appreciant pas la démarche intrusive et jugeante… De plus celle-ci était hermétique concernant un autre regard sur l’adoption et surtout l’association… Pourtant habituellement je ne suis pas fermée sur le fait de partager mon expérience personnelle, en effet comme beaucoup le savent, j’avais témoigné auprès d’un journal local de ma région en fin d’année 2020, mais la démarche était tout autre… Cela impliquait que ma propre histoire et la difficulté d’entreprendre actuellement mon voyage, pour retrouver ma famille biologique à cause du covid. Ma journaliste était à l’écoute et surtout dans le respect de heurter la sensibilité et l’histoire de personne, elle avait conscience que traiter un sujet aussi délicat, il fallait évidemment rester bienveillante. Je travaille aussi dans la protection de l’enfance et je connais les enjeux et les difficultés d’une adoption donc c’est naturellement que j’ai envie d’apporter mon soutien ici. De plus au fond tout ceci est triste car ces articles divisent plus qu’ils nous rassemblent…Et malheureusement ils nous replongent douleureusement à plus de 20 ans en arrière… Alors que l’adoption est un sujet complexe et propre à chacun, il est difficile de faire une généralité de toutes les adoptions avec quelques témoignages personnels… Je respecte absolument tous les parcours mais je ne conçois pas que certains journalistes puissent utiliser les histoires personnelles pour porter des accusations graves et surtout généraliser sur toutes les adoptions… J’espère que prochainement justice sera faite, car même si il existe en effet des associations malveillantes pour lesquelles l’intérêt financier était plus important que l’intérêt de l’enfant. Je suis convaincue que ce n’était pas le cas pour ERM.